Question : faut-il être fou pour parler d'arithmétique modulaire à un collégien ?
Réponse : non ! On l'utilise même tous les jours en regardant l'heure...
L'idée de base de l'arithmétique modulaire est de travailler non sur les nombres eux-mêmes, mais sur les restes de leur division par quelque chose.
Par exemple, s’il est 16h52 et que j’attends 15 minutes, il sera 17h07, autrement dit 52+15=7 dans l’arithmétique (des minutes) de l’horloge.
Ce que nous en écrivons, en mathématiques :
52 + 15 \(\equiv\) 7 (mod. 60)
et que nous lisons :
« 52 plus 15 est congru à 7 modulo 60 ».
Pourquoi congru ? En latin, congruens signifie « qui s'accorde ».
Pourquoi modulo ? Il s’agit de l'ablatif du nom latin modulus, qui signifie « mesure ».
Le symbole \(\equiv\) est l’œuvre du prince des mathématiciens, Carl Friedrich Gauss, qui publie en 1801 l’ouvrage Disquisitiones arithmeticae, et donne ainsi une naissance rigoureuse à l’arithmétique modulaire, qui révolutionnera la théorie algébrique des nombres mais aussi notre quotidien, puisque l'arithmétique de base des ordinateurs travaille sur des « nombres » de taille fixe, et est par conséquent une arithmétique modulaire.
Pour lire la sublime biographie de Gauss, c'est dans un autre article : cliquer ici.
Vous comprenez maintenant, je l’espère, les congruences suivantes :
5 \(\equiv\) 2 (mod. 3) ; 1985 \(\equiv\) 5 (mod. 10) ; 20 \(\equiv\) 8 (mod. 12).
L’arithmétique modulaire est enseignée en Terminale Scientifique, pour ceux qui choisissent la spécialité mathématiques.
Autant dire à des années de ce que pourrait comprendre un élève de collège…
Et pourtant… Les tables de multiplication, ces simples tables que l’on nous fait mémoriser dès notre plus jeune âge, cachent une incroyable beauté modulaire.
L’enfantine idée est la suivante : considérons la table de 3 modulo 10.
3 × 1 = 3, donc 3 × 1 \(\equiv\) 3 (mod. 10)
3 × 2 = 6, donc 3 × 2 \(\equiv\) 6 (mod. 10)
3 × 3 = 9, donc 3 × 3 \(\equiv\) 9 (mod. 10)
3 × 4 = 12, donc 3 × 4 \(\equiv\) 2 (mod. 10)
3 × 5 = 15, donc 3 × 5 \(\equiv\) 5 (mod. 10)
3 × 6 = 18, donc 3 × 6 \(\equiv\) 8 (mod. 10) etc.
Représentons maintenant ces calculs sur un cercle. Nous y plaçons 10 points, numérotés de 0 à 9.
Puisque 3 × 1 \(\equiv\) 3 (mod. 10), nous relions le « 1 » au « 3 ».
Puisque 3 × 2 \(\equiv\) 6 (mod. 10), nous relions le « 2 » au « 6 ».
Puisque 3 × 3 \(\equiv\) 9 (mod. 10), nous relions le « 3 » au « 9 ».
Puisque 3 × 4 \(\equiv\) 2 (mod. 10), nous relions le « 4 » au « 2 ».
Etc.
Nous obtenons alors le dessin ci-contre, qui révèle une surprenante structure symétrique.
Et si nous regardions la table de 3 « de l’horloge » (table de 3 modulo 60) ? Et celle de 5 ?
Table de 3 modulo 60 |
Table de 5 modulo 60 |
Surprenant, non ?! Et si nous nous amusions encore un peu...
Et voici de superbes dessins fait à la main (!) par des collégiens patients et doués :
Lucille VENDEVILLE, Cléo SIGUIER, Louna SIGUIER (en CM2).
À VOUS DE JOUER MAINTENANT !
Lien vers un fichier Geogebra pour créer vos propres dessins
(sur cette version, on peut dessiner en noir et blanc ou avec 4 jolies couleurs)
(fichier téléchargeable ici)
Lien vers une autre version (de 1 à 8 couleurs modifiables, mode aléatoire, etc.)
(fichier téléchargeable ici)